Genève / le milieu culturel face à la crise budgétaire

Actualités culturelles
26 janvier 2016
"Les structures de la musique classique et contemporaine genevoises font part de leurs grandes préoccupations concernant la place de la culture à Genève, les coupes budgétaires et les contraintes administratives croissantes auxquelles ce domaine est sujet.

En ce début d'année 2016, souhaitant que les débordements irresponsables intervenus fin décembre, tout autant que l'agressivité des prises de position sauront désormais faire place à un véritable espace de discussion autour du rôle de la culture à Genève et des moyens nécessaires à son développement, les structures de la musique classique et contemporaine genevoises font part ici de leur position.
Le groupement que nous représentons exprime le point de vue des employeurs du domaine : ensembles, orchestres, festivals, institutions musicales diverses.
Ces structures sont évidemment très préoccupées par les coupures budgétaires annoncées, tant au niveau municipal que cantonal, et par la focalisation de ces coupures sur la culture.
Mais notre groupement souhaite insister sur le fait que ces coupures viennent en addition d'un certain nombre d'autres préoccupations qui ont aussi des incidences fortes sur les budgets des ensembles et des orchestres. Nous pensons notamment à toute la problématique des nouvelles obligations qui sont apparues en matière de charges sociales (en particulier autour de la prévoyance professionnelle) et qui n’ont, malheureusement, pas été accompagnées des moyens budgétaires correspondants, ce qui accentue encore les problèmes financiers que posent les coupes budgétaires dont nous parlons aujourd'hui.
Il s'agit notamment d'une part du nouveau règlement d'application de la loi cantonale sur la culture, entré en vigueur au 1er janvier 2016, qui oblige l'affiliation de tous les artistes à la LPP (2e pilier) dès le 1er jour et le 1er franc et, d'autre part, de la réglementation européenne en matière de charges sociales (application du taux de cotisation du pays de résidence des employés, dès lors qu'un revenu égal ou supérieur à 25% est réalisé dans ce pays à côté de l'activité en Suisse).
Sans entrer dans le détail complexe de ces nouvelles réglementations, nous pensons important de faire part de notre inquiétude quant à leur application, qui aura malheureusement des répercussions, non seulement sur les budgets déjà fragilisés de nos structures, mais également sur les programmes artistiques - avec une réduction de l'offre culturelle - et donc, en fin de compte, sur les possibilités d’engagement des musiciens. Notre groupe d'intérêt a tenté à plusieurs reprises d'alerter l'Etat et la Ville de Genève sur la situation préoccupante de notre domaine et sur les deux questions spécifiques présentées plus haut, ceci toujours dans une orientation "employeurs" et avec les questions budgétaires en arrière-plan.
Tout cela il ne faut pas l’oublier, dans le contexte des nouvelles répartitions de la culture entre la Ville de Genève et l’Etat, ce qui ne simplifie pas les choses, dans l’immédiat du moins.
Au-delà de la seule question aiguë des coupures budgétaires, c'est bien une réflexion globale que nous aimerions mener. L’idée est de tenir compte des spécificités du domaine musical que nous représentons, mais aussi du statut particulier des artistes que nous engageons, dont l’existence est souvent faite d’une succession ou d'un cumul d'emplois temporaires, ceux précisément que les nouvelles obligations administratives, avec les
coupes budgétaires, mettent en danger. Les référendums récemment lancés seront l'occasion d'ouvrir un vrai débat sur la place de la culture à Genève et sur son financement. Nous affirmons ainsi notre intérêt à poursuivre ou entreprendre des échanges avec les autres milieux culturels genevois, avec les autorités et avec les personnalités politiques qui, souvent, connaissent mal notre situation et nos contraintes.
Pour terminer, nous tenons aussi à insister sur le fait que, dans le débat actuel, il serait désastreux d'opposer artificiellement ou idéologiquement différents types de culture : classique et alternative, de droite ou de gauche,
etc. Aujourd’hui, il s'agit bien de défendre la place de la culture (sous ses différentes formes) à Genève et de défendre les moyens qui lui sont nécessaires dans l'intérêt de tous (artistes comme employeurs), dans l’intérêt du public et de l’offre culturelle genevoise. L'heure n'est pas à la division ou à l'opposition entre les acteurs, ni aux excès de tous types que nous condamnons sans aucune restriction ou exception."

Concours de Genève, Contrechamps, Eklekto, Ensemble Vide, Ensemble Vocal Séquence, Festival Archipel, Gli Angeli Genève, L'Orchestre de Chambre de Genève, Orchestre de la Suisse Romande, Vortex

Contact: Andrew Ferguson, LOCG, andrew.ferguson@locg.ch, tél. 022 807 17 96